Rejoindre les bancs de l’école publique représente incontestablement un droit universel garant de la dignité des enfants et de la lutte contre la pauvreté et l’ignorance .En effet, le droit à La scolarisation permet aux enfants de s’inscrire dans la lignée de la démocratie et des droits de l’homme.Toutefois,ce droit se voit contrarié par un ensemble de conditions éducatives,sociales et sanitaires.
En misant sur l’éducation au cours du dernier demi-siècle, l’état tunisien a réalisé des résultats optimaux au niveau du taux de scolarité et de lutte contre l’analphabétisme. Néanmoins, nous constatons que le système éducatif encourt des problèmes sérieux, notamment dans les régions internes. A Kasserine, l’État se trouve incapable de faire face à la déscolarisation et,dans certains cas,de garantir le certain minimum sanitaire:à plusieurs reprises les cours se sont arrêtés à cause de la propagation de l’hépatite dans les écoles.
L’État premier responsable de la hausse du taux de déscolarisation:
63% des enfants étaient déscolarisés au gouvernorat de Kasserine. Les taux sont plus élevés chez les garçons( 56% contre 44% chez les filles).Face à cette hausse du taux de déscolarisation régionale, des activistes de la société civile et des syndicalistes pointent du doigt les commissariats régionaux de l’éducation. Selon leurs dires, les déficiences scolaires sont à l’origine de 69% des cas de déscolarisation. Le restant des cas émanent quant à eux du contexte familial, social et psychologique.
Mr Nabil Gsoumi, enseignant à l’école primaire, a souligné que « l’État n’essaye pas de lutter contre ce phénomène. Selon lui , il hésite à y remédier bien que la déscolarisation coûte annuellement 345 millions de dinars du budget de l’état. »
De son côté, Mr Zine Najlaoui, délégué de l’Enfance de Kasserine, finit par conclure que « l’État fait chou blanc face au nombre croissant des déscolarisés et n’a pris aucune mesure pour faire face à ce phénomène. »
Multiplicité et chevauchement des causes de déscolarisation à Kasserine:
Kasserine occupe les dernières positions en terme de taux de développement et de réussite dans les concours nationaux contrairement à son positionnement en terme de pauvreté (30.5%) et de chômage (38.9). Réunis, ces indicateurs forment un environnement propice de hausse du taux de déscolarisation.
Ainsi, nous assistons à une sorte de dévalorisation massive du statut de l’éducation considérée sans intérêt économique pour certains. D’autres sources d’enrichissement faciles surgissent parallèlement, notamment la contrebande, les drogues ou la corruption administrative.
La conjoncture sociale fragile et l’imposition de politiques éducatives vouées d’avance à l’échec finiront par sonner les glas du système éducatif en Tunisie. Mr Gaouth Rezgui, acteur et enseignant de théâtre, pense que « ces conditions sociales et économiques ne font que générer une génération déracinée de son environnemen. »
Notons que l’assistance sociale et le soutien psychologique sont exclus du processus correctif. Hormis les efforts de lutte contre la déscolarisation déployés par la société civile à kasserine, la dimension psychologique n’a pas eu suffisamment d’intérêt bien qu’il soit un facteur déterminant dans le cadre du processus préventif contre la déscolarisation et dans les tentatives de réintégration éducative de certains cas à l’école. le soutien psychologique permet de prévoir et remédier aux perturbations psychologiques des enfants.
Malgré cela, on ne trouve qu’un seul psychiatre actif dont le siège social est à la délégation de l’éducation au centre ville de kasserine .Il ne parvient à traiter que 5% des cas vu l’absence de coordination et de communication avec les directeurs d’écoles, notamment dans les zones rurales ( certains sont à 90 kilomètres du centre de la ville comme c’est le cas de Hidra, Sbiba, Majell Bel Abbes et Hassi El Frid )
Outre le manque d’effectifs, ces psychologues manquent d’expertise en matière de traitement des différents cas qui se présentent.
« J’ai un regard critique sur les institutions sociologiques et psychologiques en lien avec le ministère de l’éducation ; elles ne sont pas habilitées à résoudre les cas problématiques. Généralement, il se limitent à des discussions superficielles avec les enseignants et les élèves sans issue. », commente mr Rejeb Nasraoui, délégué de la protection de l’enfance et docteur de philosophie agrégé.
les régimes qui se sont succédés manquent tous de volonté politique de réformer le système éducatif. Défaillant, ce système demeure incapable de répondre aux enjeux sociaux, notamment dans les régions internes dont le taux de décrochage scolaire est le plus élevé. Les promesses officielles ainsi que les lois visant l’égalité des chances demeurent toujours sans issue.
L’hépatite :l’autre facette du désintérêt étatique à l’éducation
A plusieurs reprises, les cours ont été interrompus dans les écoles, les collèges et les lycées dans la délégation de Majel Ben Abbes (gouvernorat de kasserine). Une dizaine d’élèves ont été hospitalisés suite à l’apparition des symptômes de l’hépatite A. Au Reguedb,Manel Bouzayani, élève agée de 9 ans, a rendu l’âme à cause de la propagation de cette épidémie. Inquiétés pour la santé de leurs enfants,les parents s’abstiennent de les amener à leurs écoles: le stade épidémique atteint à Kasserine.
Aux origines de l’hépatite:
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé l’hépatite A ,dont l’évolution peut être bénigne ou grave, se transmet par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés ou par contact direct avec une personne infectée. Le manque d’eau, l’insuffisance de l’assainissement, la nourriture impropre et l’hygiène sont à l’origine de la propagation de cette épidémie. Notons que la majorité des personnes atteintes guérissent, notamment quand elles sont vaccinées. La délimitation de la propagation de cette épidémie relève donc de la responsabilité de l’État qui devrait agir en préventif. En guise de contestation, certaines régions ont démarré des mouvements de grèves : les revendications pointent du doigt le désengagement des services sanitaires.
La dissertation de l’état:
Les parents qui ont recours aux médicaments à base de plantes et qui s’approvisionnent d’eaux via les réseaux informels,sont tenus responsables du décès de leur fils par les services sanitaires tunisiens. Les statistiques officielles du premier trimestre de 2017 ont dénombré 650 cas atteints par l’hépatite A, dont la majorité sont issus du milieu scolaire et des quartiers défavorisés. la Cartopgraphie de l’hépatite A en Tunisiens montre bien que la majorité des cas sont répartis sur les gouvernorats de Kasserine, Sidi Bouzid et Gabès.
La Direction de L’hygiène du Milieu et de la Protection de L’environnement affirme qu’il y a une sorte de déficience sanitaire dans les unités sanitaires scolaires:le taux de non conformité a atteint 76,24%.