À l’heure où la crise pandémique semble être loin derrière, le débat public autour de la santé se dissipe et cède la place à d’autres actualités pas moins préoccupantes. Pourtant, le bilan est loin d’être rassurant pour les services publics de la santé, et il suffit d’un nouveau drame dans un hôpital pour que la sonnette d’alarme soit tirée à nouveau.

Dans son communiqué à l’occasion du sommet mondial de la francophonie, le ministère de la santé a déclaré que “ la santé est un moteur économique par excellence et que la promotion de l’investissement et de l’exportation des services de santé sont des axes stratégiques du Gouvernement tunisien”. Pendant ce temps l’État s’applique à pousser les jeunes médecins dehors et les exporter à bas prix et à un rythme effréné au grand bonheur des pays du nord, laissant derrière eux des hôpitaux délabrés et à défaut de matériel et de personnel.

À vue d’œil, la santé ne semble plus être une priorité pour l’État tunisien. À la place, il compte sur les investisseurs privés pour le remplacer dans son rôle de garant d’un droit qui échappe impérativement à la logique du marché.

Entre-temps, les chiffres font toujours défaut et ce malgré leur priorité annoncée dans La Politique Nationale de Santé 2030. En effet, sans données de qualité la fabrique des politiques de santé demeurera une boîte noire même pour les décideurs, qui, faute de moyens, se contenteront de se conformer systématiquement aux recommandations des bailleurs.

S’il y a une conclusion à tirer de ce bilan c’est que l’urgence de la crise sanitaire ne supporte plus les temporisations. Elle mérite au contraire qu’on lui consacre des efforts colossaux pour d’abord sauver ce qui reste et réparer les dégâts puis prévoir sur le long terme. Cela passe sans nul doute par une volonté politique qui place en plus haute priorité la santé de tous les individus de la société, et traduit cela en politiques concrètes qui nous permettent de constater le progrès de l’accès pour tou.te.s aux services de santé en expériences et en chiffres.

En attendant, nous poursuivons notre tentative d’élargir le champ du débat et multiplier les angles de la réflexion autour du droit à la santé