Statistiques de l’éducation en Tunisie en 2016 – 2017

Les données fournies par le ministères de l’éducation à travers lesquelles cette carte a été conçue exposent en détail l’état de l’infrastructure de l’éducation en Tunisie c’est à dire la composition physique et quantitative des établissements dans chaque délégation. Il apparaît également à travers les indicateurs qu’il y a une invitation à l’analyse des rapports quantitatifs entre les moyens alloués et les besoins en terme d’éducation. La base de données est assez structurée et permet d’avoir un aperçu général sur les disparités régionales dans ce domaine et sur les politiques publiques relatives à la gestion des flux des élèves. 

Le fond dégradé de la carte répartit les valeurs en cinq classes alors que les cercles donnent un ordre de grandeur selon les rayons. Pour certaines variables, il y a eu une combinaison à l’affichage qui expose sur le fond de la carte un pourcentage et en cercle le nombre. Il reste possible d’effacer les cercles ou bien le fond si nécessaire. 

La délégation la plus équipée par des écoles primaires à l’échelle nationale est Bir Ali Ben Khlifa du gouvernorat de Sfax avec 52 écoles. A une soixantaine de kilomètres à l’est, Sfax sud compte le plus grand nombre d’élèves à l’échelle nationale avec 11390 élèves répartis sur seulement 26 écoles primaires. Ce déséquilibre qui fait qu’une délégation A compte presque le double du nombre d’élèves d’une délégation B et la moitié du nombre d’écoles alors que ces deux délégations appartiennent au même gouvernorat n’aurait pas pu être visible avec un niveau d’agrégation moins fin. Par conséquent le taux d’encadrement dans Sfax Sud est nettement moins important qu’à Bir Ali Ben Khlifa. 

Il est important de noter que ce paradoxe est naturellement expliqué par les particularités de chaque délégation : la ruralité qui distingue Sidi Ali Ben Khlifa fait que les habitats et les équipements publics sont dispersés géographiquement, ce qui nécessite de réduire les distances entre l’école et les habitants et de multiplier par conséquent les établissements d’éducation. Par contre, Sfax Sud étant une zone urbaine à forte concentration, la dynamique sociale est différente. À travers cet exemple, nous pouvons conclure que l’accès à l’éducation suit des principes de justice sociale et non pas une logique utilitariste. D’où l’importance de préserver l’éducation publique pour ne pas dériver vers une approche marchande de ce secteur.

Cette réflexion qui cherche à établir un profilage régional à travers les valeurs supérieures/inférieures peut être réalisée à l’échelle de chaque gouvernorat et être encore plus élaborée en y explorant les données démographiques, de l’habitant et de la migration de chaque région. 

Cette carte souligne aussi le fait qu’une partie importante des écoles primaires dans les régions intérieures ne sont pas reliées au réseau de la SONEDE. Ce qui présuppose que ces écoles ou bien n’ont pas accès à l’eau ou bien qu’elles disposent de l’eau auprès de GDA, voir auprès de sources non conventionnelles.

Concernant l’enseignement secondaire, plusieurs établissements du centre ouest et du nord ouest sont sous forme d’internats. Cette politique qui vise à priori à gérer les flux et à sédentariser les ménages n’est pas très réussie. Environ 4 élèves sur 10 à Fernana sont des internes. Ces 1492 élèves sont répartis sur 6 internats équipés de 6 cuisines, 6 réfectoires et 20 dortoirs. À Sidi Bouzid Ouest la tendance est inversée ; avec 7 internats 8 cuisines, 8 réfectoires et 22 dortoirs, cette délégation compte seulement 863 internes. Cette politique publique mérite d’être évaluée, non seulement à travers des indicateurs de réussite ou d’échec mais essentiellement à travers des indices d’évaluation de ses impacts sociaux et économiques sur les dynamiques locales.

Plusieurs lectures sont possibles à travers cette carte sachant que ces données sont produites annuellement par le ministère de l’éducation. Des analyses en séries seraient considérablement pertinentes.

Source : Ministère de l’éducation